Débat sur un crime raciste

TRAIN D'ENFER

    Qui ne se souvient de ce crime affreux ? Rappel des faits :une nuit de novembre 1983 dans le rapide Bordeaux-Vintimille, trois candidats légionnaires, passablement éméchés, s'en prennent à un jeune touriste algérien, le tabassent à mort et le jettent par la portière entre Castelsarrasin et Lavilledieu. L'affaire remua toute la France à un point tel que moins de deux ans après, un film de Roger Hanin sortait sur les écrans. C'était "Train d'enfer"
    Au lendemain de l'inculpation des criminels les jeunes de Radio Récré ont voulu marquer le coup par un débat en direct avec des invités parmi lesquels des enseignants, des journalistes, des juristes, des parents d'élèves et, bien sûr tous les collégiens qui avaient envie d'en parler. Le sujet choisi débordait largement du fait divers, il avait été élargi au racisme, considéré comme un mal qui gangrène la société.
    « Ils disent que je suis un Arabe, ils ne me veulent pas. Je joue avec des Espagnols. » C'est Ali qui parle, il a sept ans. Il est au cours préparatoire dans une école de Montauban. Et il ajoute : «  Si je vais avec eux, ils me tabassent avec tous leurs copains »
    «  Eux, ce sont les Français, eux ce sont nos enfants », précise un journaliste
    C'est ensuite une petite Algérienne qui confirme «  je joue avec des Espagnols, et des Arabes, les autres nous font partir. Alors on dit rien, on s'en va » Mauricette Guesbi était allée quelques jours plus tôt promener son micro à la sortie de l'école primaire du quartier. Edifiant. Le reportage suscite des réactions dans le studio en direct :
    Anne : «  Quand j'insulte un Arabe je m'insulte moi-même parce qu'il est comme moi ».
    Pierre : «  Nous sommes tous racistes au fond de nous, c'est bête mais c'est comme ça ».
    Un autre : «  Le racisme est partout, on est raciste vis à vis des homosexuels. Ils ont le droit pourtant d'être différents ».
    Madame Ladevèze, parente de collégien : « Je suis devenue amie avec des gitans de mon quartier à la suite d'un drame. Cette fréquentation m'a valu pas mal de problèmes au début, qui sont en train de s'estomper ».
        Une heure d'un débat passionnant dont la gravité n'a pas manqué d'impressionner les jeunes. Peut-être que certains de ceux qui y ont participé s'en souviennent encore. Nous attendons leurs commentaires... Vingt ans après.